« Mat(i)erre » est une approche qui me constitue, évoluant au fil de ma vie, pour laisser surgir le mouvement de l’instant. Ce qui m’intéresse dans cette approche est de pénétrer le « matiérage » des formes dans leurs diversités pour révéler une sorte de dialogue, de saisissement dans notre imaginaire entre textures du réel et une abstraction des apparences.
Voir ou plutôt percevoir dans ce temps de la captation, comme une errance captive, car c’est dans la seconde phase, celle où je découvre les photographies, que se dévoile le rapport sensible entre texture, mouvement, présence et lumière qui fait monde au regard du cadrage. Extraire un bout de ce monde à ma mesure au point que certaines photographies pourraient surgir-apparaître comme par action de frottage à la mine de plomb sur le réel. Roche, sable, herbe, bois, pierre, eau, vibration de l’air se jouent une réalité éphémère d’où émerge cette représentation graphique des éléments opposés, par le contraste du noir et blanc, du plein et de la lumière, du fluide et du solide, de la masse et de la fragilité, de l’étendue et de la rupture, de la trace et de la texture.